La couleur des souvenirs

Vittorio est un artiste peintre au caractère bien trempé. Incapable de dévoiler ses œuvres, il s’est toujours caché derrière le trait des autres. Ce manque de confiance le pousse à fuir ses propres conflits, si bien qu’il entretient des rapports compliqués avec sa sœur, interprétée par Catherine Arditi. Atteint d’une dégénérescence maculaire liée à l’âge, Vittorio se voit perdre la vue progressivement. Face à l’obscurité grandissante, il se lance comme défi ultime de falsifier un chef-d’œuvre. Sa sœur, alarmée par son manque d’autonomie, tente de panser les blessures du passé. Tandis que nous suivons la quête d’un artiste, la difficulté à communiquer et à pardonner est au cœur de la pièce.

La famille et les rapports humains sont un pilier narratif dans le travail de Fabio Marra, mis en scène à travers un décor qui ne cesse d’évoluer. La scénographie, quant à elle, utilise habilement la vidéo pour plonger le spectateur dans une vision du monde tel que le perçoit Vittorio lors de sa perte de vue progressive.

Dans cette histoire où chaque personnage nous interpelle, Dominique Pinon incarne avec éclat un homme fragilisé par la vie. En bref, un spectacle d’une émouvante générosité, bourré de poésie et de tendresse.