Bl!ndman [sax] - ou le souffle de Bach -

En 1998, Eric Sleichim crée Bl!ndman, quatuor de saxophones (du soprano au baryton), et s’engage dans la quête de sonorités susceptibles de jeter une nouvelle lumière à la musique ancienne. Vingt-cinq ans plus tard, voici venir les quatre musiciens dans un programme qui fait entendre les grandes œuvres pour orgue de Bach (toccatas, fugues, passacailles) transcrites par Eric Sleichim en personne. Mais attention, outre le quatuor de saxophones, voilà que s’invite sur la scène un instrument que vous n’avez sans doute jamais vu ni entendu : le tubax, c’est-à-dire un saxophone contrebasse, nécessaire pour reconstituer le registre grave de l’orgue tel que Bach l’a utilisé.

À l’époque de Bach, l’orgue faisait en quelque sorte office de grand synthétiseur : l’organiste rendait le tissu des voix parfaitement transparent grâce à l’utilisation de divers registres et de plusieurs claviers. Cette différenciation s’obtient dans le quatuor (devenu quintette) par le spectre très spécifique de chacun des saxophones.

Bl!ndman relève le défi de combiner la fidélité stylistique à un instrumentarium d’aujourd’hui, les possibilités sonores inouïes des saxophones évoquant aussi les jeux d’anches de certains orgues baroques et remontant à la source de toute musique : la respiration. Les saxophones et le tubax de Bl!ndman, associés à un travail subtil sur l’électronique, sonnent ainsi comme un orgue humain animé d’un seul souffle.