Angélique Boudeville et l'Orchestre de Picardie

Du sentiment tendre et poignant de l’air d’Iphigénie en Tauride de Gluck (1779) aux vocalises solaires du bien connu Exsultate, Jubilate de Mozart (1772), l’immense talent de la soprano lyrique Angélique Boudeville devrait donner toute sa mesure à ce concert. D’autant que l’enchantement vocal se doublera, à l’orchestre, de la présence de deux bijoux mozartiens plutôt méconnus : la brillante ouverture du Directeur de Théâtre (1786) et, surtout l’ouverture de l’opéra Lucio Silla (1772), magnifique sinfonia en trois mouvements composée par un adolescent de seize ans.

Il faudra cependant prêter une attention toute particulière à la première partie du concert : les Six Morceaux de Tchaïkovski (1873) appartiennent à des genres très variés (du Prélude et Fugue à un Scherzo, en passant par une Marche funèbre, un Impromptu, une Mazurka…) mais l’ensemble frappe par sa richesse et sa hauteur d’expression, et par une certaine forme de modernité, bien éloignée de la sentimentalité facile qu’on prête, trop souvent à tort d’ailleurs, à l’auteur de Casse-Noisette. Originellement conçue pour le piano, l’œuvre se parera des superbes couleurs instrumentales d’Henk de Vlieger, « arrangeur » exceptionnel s’il en est, bien connu de l’Orchestre de Picardie qui a souvent interprété ses formidables réalisations.